Tiapride. Un examen de sa pharmacologie et de son potentiel thérapeutique dans la prise en charge du syndrome de dépendance à l’alcool
Le tiapride, un agent neuroleptique atypique, est un antagoniste sélectif des récepteurs dopaminergiques D2 avec une faible propension à provoquer la catalepsie et la sédation. Il montre une activité préférentielle au niveau des récepteurs préalablement sensibilisés à la dopamine et ceux situés en extra-strié. Le tiapride présente une activité antidyskinétique reflétant des actions antidopaminergiques, ainsi qu’une activité anxiolytique médiée par des mécanismes mal connus. Contrairement aux benzodiazépines, le tiapride n’affecte pas la vigilance et présente un faible potentiel d’interaction avec l’alcool (éthanol), voire d’abus. Le tiapride facilite la prise en charge du sevrage alcoolique, mais son utilisation chez les patients à risque de réactions sévères en sevrage aigu doit être accompagnée d’un traitement d’appoint des hallucinoses et des convulsions. Étant donné qu’il peut s’avérer difficile d’identifier ces patients et qu’il existe également un faible risque de syndrome malin des neuroleptiques (en particulier avec l’administration parentérale), l’utilité du tiapride dans ce contexte est susceptible d’être limitée. Néanmoins, l’absence relative des complications associées à la thérapie aux benzodiazépines suggère un rôle possible pour le médicament dans le traitement des personnes aptes à la désintoxication alcoolique en tant que patients externes. Des études cliniques préliminaires chez des patients alcooliques suite à une cure de désintoxication ont montré que le tiapride améliore la détresse psychologique, améliore l’abstinence, réduit les comportements d’alcoolisme et à court terme facilite la réinsertion dans la société. Ces avantages étaient associés à une consommation réduite des ressources de soins de santé. Cependant, le risque potentiel de dyskinésie tardive à la posologie employée (300 mg/jour) nécessite une évaluation et une surveillance médicale. Ainsi, avec son absence d’effets indésirables sur la vigilance et sa faible propension à l’interaction avec l’alcool et éventuellement à l’abus, le tiapride trouvera probablement une utilité particulière dans la prise en charge des patients alcooliques aptes à une cure de désintoxication en ambulatoire ; et, si les résultats initiaux sont confirmés dans de grands essais bien conçus, à court terme (< ou = 6 mois) thérapie de patients alcooliques réformés sous surveillance médicale.
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