Antihistaminiques : tout savoir pour lutter contre les alle…
Les antihistaminiques sont fréquemment prescrits contre les allergies, notamment contre l’allergie aux pollens. Commentaire préféré-ils ? Quels sont leurs limites… et leurs inconvénients ? Les antihistaminiques en vente libre sont-ils aussi efficaces ? On fait le point avec deux spécialistes.
C’est quoi au juste un antihistaminique ? C’est un médicament qui bloque les effets de l’histamine, une substance libérée par les cellules en cas de réaction allergique. Il est efficace contre certains symptômes de la crise allergique : démangeaisons, nez qui coule, yeux qui pleurent, éternuements… mais absolument pas sur l’asthme allergique. Les allergiques au pollen utilisent souvent des anti-histaminiques pour leurs symptômes.
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Sous quelle forme les prendre ? Si la réaction allergique est isolée, au niveau du nez ou des yeux, les formes locales (un collyre ou un spray nasal) ont une action beaucoup plus rapide que les comprimés (autour de 2 minutes pour les collyres). En revanche, leur effet est limité dans le temps. Ce qui nécessite de renouveler l’application deux ou trois fois par jour. À l’inverse, la plupart des antihistaminiques de deuxième génération utilisés par voie générale (les comprimés), qui sont également actifs sur les symptômes locaux, sont actifs de 12 à 24 heures.
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Les antihistaminiques sans ordonnance sont-ils moins efficaces ?
Absolument pas : ce sont les mêmes produits ! Mais ils sont vendus sous un conditionnement simplifié (par exemple cétirizine,Humex® allergie, Reactine®, Zyrtecset®…). Cependant, il convient de ne pas acheter un antihistaminique dont on n’a pas l’habitude. Même s’ils ne présentent que peu d’effets secondaires, certains sont contre-indiqués en cas de grossesse (infos sur www.lecrat.org). D’autres le sont en cas d’insuffisance rénale, de glaucome (augmentation de la pression intra-oculaire) ou d’adénome de la prostate. Ce ne sont pas des médicaments anodins. Il faut donc lire attentivement la notice, surtout si l’on prend d’autres médicaments, certaines associations étant à éviter.
Quelles sont les contre-indications des antihistaminiques ?
Les derniers antihistaminiques mis sur le marché (Bilaska®, Inorial®) et délivrés sur ordonnance provoquaient moins de somnolence que les autres. Cependant, quelques rares personnes ressentent quand même ces effets ! Selon les cas, ces antihistaminiques présentent également des interactions avec certains médicaments (érythromycine, kétoconazole…). Et, par mesure de précaution, ils ne sont pas recommandés au cours de la grossesse. Certains doivent aussi être pris à distance des repas et sans jus de pamplemousse, qui diminuent leur efficacité de 30 %.
Quels sont leurs effets secondaires ?
Contrairement aux antihistaminiques de la première génération (les antihistaminiques anticholinergiques) qui provoquaient la somnolence, les nouveaux médicaments antihistaminiques ont un effet peu ou pas sédatif sur la plupart des personnes. Mais, quelle que soit la forme utilisée, il faut néanmoins rester prudent, notamment en cas de situation à risque (si vous devez conduire un véhicule par exemple). Les personnes qui ressentent malgré tout de la somnolence ont intérêt à prendre leur comprimé le soir avant le coucher et non le matin.
Quand dois-je prendre des antihistaminiques ?
Si la rhinite allergique est réduite, les antihistaminiques peuvent suffire à soulager les symptômes. On les prend alors tous les jours pendant la période d’exposition aux pollens. Mais si la rhinite est associée à un asthme ou à une autre allergie respiratoire (acariens…), ou bien si les symptômes ne cèdent pas avec les seuls antihistaminiques, d’autres traitements peuvent être proposés. Comme une association avec des corticoïdes, voire une désensibilisation. Mais cela nécessite de faire le point de son statut allergique avec un allergologue.
Faut-il démarrer avant l’arrivée des pollens ?
C’est inutile, puisque c’est la présence des pollens qui déclenchent la crise allergique. Et les antihistaminiques concentrés uniquement sur les symptômes. Il existe toutefois des traitements locaux préventifs à base de cromones, des substances qui ont un effet barrière protecteur et diminuent les réactions d’hypersensibilité en cas de rhinite ou de conjonctivite allergique.
Sont-ils efficaces contre les allergies alimentaires ?
Tout dépend du type de symptômes provoqués par le contact avec l’allergène. S’ils sont banals et que la personne n’a jamais fait de réaction grave, les antihistaminiques peuvent suffire. Mais si les signes perdurent, ils doivent alerter et faire consulter au plus vite. En outre, s’il existe des antécédents de choc anaphylactique (gonflement, malaise…), leur effet sur les symptômes peut masquer le début de la crise. Ou, c’est un signe indiquant qu’il faut faire une injection d’adrénaline en urgence.
Ils évitent d’avoir d’autres allergies ?
En aucune façon, puisque les antihistaminiques ne sont que des traitements symptomatiques. Ils n’agissent pas sur l’évolution de l’allergie : eczémaallergie alimentaire ou respiratoire, asthme… En effet, seule la désensibilisation semble réduire le risque de développer de nouvelles allergies et prévenir l’apparition de l’asthme. Ce qui a d’ailleurs été démontré chez l’enfant, en particulier avec la désensibilisation aux pollens de bouleau et de graminées.
Que faire lorsque les antihistaminiques ne fonctionnent plus ?
En général, si les antihistaminiques ne sont plus aussi efficaces, c’est que la rhinite allergique a évolué et qu’une inflammation chronique s’est développée. En cas de rhinite chronique, le nez devient hyperactif de façon autonome, et les antihistaminiques ont moins d’effet. Après un bilan allergologique, le médecin peut alors prescrire d’autres médicaments, comme des corticoïdes en spray nasal, ou des collyres contenant des cromones en cas de conjonctivite. Il peut aussi proposer une désensibilisation, si elle est possible, afin de réhabituer progressivement l’organisme à l’allergène responsable.
Mais la désensibilisation n’est recommandée que dans trois situations :
- si les réactions allergiques persistantes malgré un traitement bien conduit
- si le patient devient asthmatique
- s’il ne supporte pas les traitements locaux.
On peut prendre des antihistaminiques en cours de désensibilisation, mais c’est rarement nécessaire. Les réactions allergiques sont devenues exceptionnelles avec la désensibilisation par voie sublinguale, de plus en plus utilisée (80 % des cas).
Si la réaction allergique persiste ou s’amplifie, peut-on en reprendre ?
Non. Si vous présentez une réaction allergique et que les antihistaminiques n’ont pas eu d’effet ou que les symptômes s’aggravent, il faut appliquer les procédures d’urgence. Appeler les secours (en composant le 15), puis prendre une dose de bronchodilatateur en cas de respiration difficile ou de crise d’asthme (à renouveler toutes les 5 minutes en attendant les secours). Une injection d’adrénaline est nécessaire en cas d’apparition de signes généraux : malaise, difficulté à respirer, douleurs abdominales intenses, œdème, toux rauque… Suivie d’une autre en l’absence de réponse 5 à 10 minutes après la première piqûre .
Nos experts
Dr Dominique Château-Waquet, allergologue à Paris
Pr Frédéric de Blay, pneumo-allergologue, hôpitaux universitaires de Strasbourg
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