Gaviscon dans le reflux gastro‐oesophagien du nourrisson : un traitement peu efficace ?
Nous avons lu avec intérêt le récent article de Del Buono et al évaluant l’effet de l’alginate de sodium et de magnésium (Gaviscon) sur le reflux gastro‐oesophagien (RGO) chez les nourrissons.1 Il fournit une évaluation objective des effets d’un médicament largement utilisé dans le traitement du RGO pédiatrique au moyen d’un médicament en double aveugle versus essai placebo, dans lequel les effets de chaque traitement ont été évalués au moyen de l’application simultanée d’une impédance intraluminale multicanaux et d’une pH‐métrie (MII/pH). Les auteurs montrent que Gaviscon réduit cette hauteur, probablement parce qu’il augmente la viscosité du contenu gastrique et agit donc de la même manière qu’une alimentation épaissie.2 Ils ont également constaté que moins d’épisodes de reflux acide se produisaient après Gaviscon, bien que la différence ne soit pas significative. Par conséquent, contrairement aux preuves produites dans d’autres études3, ces résultats semblent suggérer que Gaviscon Infant a peu d’effet sur le RGO lorsqu’il est évalué en termes objectifs. Il est cependant possible que la signification de certaines des différences qu’ils ont observées ait été affaiblie par l’influence du sommeil et de l’éveil sur les épisodes de RGO.4
Au cours de 53 suivis MII/pH 24 h chez des nourrissons présentant des symptômes de RGO dans notre centre, nous avons noté une différence significative entre le nombre d’épisodes pendant l’éveil (535 heures) et le sommeil (450 heures) : 3,2 ± 4,1 épisodes par heure contre 1,8 ± 3,3 (p < 0,001 ; IC 0,93±1,87). Del Buono et al a donné six repas de lait plus un médicament ou un placebo selon un schéma 3+3. Si nous supposons qu’un nourrisson dort 12 heures par jour, alors la probabilité que les périodes de « sommeil » et de « veille » soient également réparties entre Gaviscon et le placebo chez chacun de leurs 20 patients ne peut pas dépasser 50 %. Cette probabilité chute encore plus si l’on tient compte du fait que les nourrissons avec RGO dorment moins que la normale. La différence de fréquence GOR entre le sommeil et l’éveil, couplée à la distribution asymétrique de ces phases, constitue un « facteur confondant » responsable d’une grande variabilité de toutes les données de fréquence (nombre d’épisodes par heure, nombre d’épisodes acides, nombre d’épisodes postprandiaux par heure, etc.), alors qu’il peut avoir peu d’influence sur la « qualité » du GOR (durée, pH et hauteur).
Nous pensons donc que l’évaluation de l’efficacité du traitement du RGO par MII/pH nécessite des périodes d’observation plus longues (par exemple, 24h placebo versus 24h médicament), ou en tout cas la prise en compte de l’influence du sommeil et de l’éveil sur les épisodes de RGO. .
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