Occlusion Postopératoire de l’Intestin Grêle avec Brides et/ou Adhérences en Chirurgie Générale de Kati BSS CHU
Occlusion Postopératoire de l’Intestin Grêle avec Brides et/ou Adhérences en Chirurgie Générale de Kati BSS CHU ()
1. Introduction
Les occlusions post-opératoires par collerette et/ou adhérences constituent une urgence chirurgicale. Ils représentent une complication fréquente et coûteuse de la chirurgie abdominale. Au CHU Gabriel Touré elles représentent 2,93% des urgences chirurgicales et 61,75% des occlusions intestinales aiguës.
Les brides et les adhérences sont des structures trouvées chez 95 % des patients ayant déjà subi des interventions abdominales [1] [2] . Ils sont directement liés au traumatisme chirurgical même s’il est minime. JOHANET [3] montre qu’après laparotomie, un patient sur cent présentera une occlusion par collerette et adhérence dans l’année suivant l’intervention et qu’à très long terme 3 patients sur cent devront souffrir de cette pathologie.
Miller G. [4] montre qu’en 1992 il y avait 12 000 à 14 400 cas d’obstruction de la grêle par brides et/ou adhérences au Royaume-Uni par an, ce qui correspond à une incidence de 200 cas/100 000 habitants.
Les occlusions de l’intestin grêle avec brides et adhérences représentent une complication fréquente et coûteuse de la chirurgie abdominale.
En Europe, ils sont la première cause d’occlusion de l’intestin grêle (70 %) [1] – [6] avec une mortalité non négligeable de 4% à 17% selon les séries [5] [6] . En Afrique, ils ont fait l’objet de plusieurs études. Au Niger, Harouna et al. [7] estiment qu’elles représentent 39,3 % des occlusions intestinales et touchent une population souvent très jeune.
De plus en plus son traitement laparoscopique fait l’objet de plusieurs études.
Les objectifs étaient de déterminer la fréquence hospitalière des occlusions intestinales grêles postopératoires dans le service de chirurgie générale, de décrire les aspects épidémiologiques thérapeutiques du traitement et d’analyser les suites opératoires.
2. Matériels et méthodes
Nous avons mené une étude rétrospective qui a couvert 8 ans (janvier 2009-décembre 2017). Elle a été réalisée au service de chirurgie générale du HCSS de Kati.
Critères d’inclusion : Tous les patients opérés d’une occlusion intestinale grêle par adhérences et/ou brides dont le diagnostic a été confirmé.
Critères d’exclusion : Nous avons exclu les autres types d’occlusion et les patients non opérés.
Les variables étudiées étaient : l’âge, le sexe, les signes cliniques, les signes radiologiques, les techniques opératoires. La source des données était le dossier du patient, le registre opératoire, le dossier d’hospitalisation. Le logiciel EPI-INFO 7 a été utilisé pour analyser les données. Le test de validité des résultats est le Chi-carré avec seuil de probabilité P < 0,005.
3. Résultat
Nous avons recensé au total 162 cas d’obstruction du grêle par adhérences et/ou collerettes soit 2,87 % d’urgences chirurgicales et 60,95 % d’occlusions intestinales aiguës. L’âge moyen était de 32,04 ans + ou – 11,50 avec des extrêmes de 15 et 75 ans (Figure 1), le sexe ratio était de 1,2 (Figure 2). Le délai moyen de consultation était de 4 jours (avec des extrêmes de 1 et 15 jours). Tous nos patients avaient des antécédents chirurgicaux. Des douleurs abdominales associées à l’arrêt du matériel et des gaz étaient présentes chez tous nos patients. Des vomissements ont été retrouvés chez 155 patients (95,6%), 9 patients (5,5%) présentaient des signes de déshydratation. Les signes physiques retrouvés à l’examen sont regroupés dans le Tableau 1. La radiographie de l’abdomen sans préparation réalisée chez tous les patients a permis d’objectiver chez 150 patients (92,6 %) des taux d’hydro-grêle. Tous les patients ont été opérés. En salle d’opération, une occlusion de l’intestin grêle était présente chez 80 patients (49,4 %) dont 11 avaient une nécrose intestinale (6,8 %). L’occlusion de l’intestin grêle et l’adhérence étaient présentes chez 69 patients sans nécrose. L’obstruction de l’adhérence de la grêle représentait 6,8 % (11 cas). Les techniques opératoires étaient : résection de la bride chez 91 patients (56,2 %), résection de la bride et adhésiolyse chez 40 patients (24,7 %), adhésiolyse chez 20 patients (12,3 %), résection de la bride et résection de l’anastomose chez 9 patients (5,5 %) , résection de la collerette et iléostomie chez 2 patients (1,2 %). Le suivi a été simple chez 151 patients (93,2%). Le tableau 2 regroupe les complications selon les différentes techniques opératoires. Nous avons enregistré 5 cas de suppuration pariétale (3,1 %), 1 cas de fistule digestive (0,6 %) et 2 cas d’éviscération postopératoire (1,2 %). La mortalité était de 1,2 % des cas soit 2 décès. La durée moyenne d’hospitalisation était de 6 jours.
4. Discussion
L’occlusion postopératoire est une entité chirurgicale caractérisée par la formation d’une membrane fibreuse notamment au niveau de l’intestin grêle. Nous avons enregistré une fréquence de 1,6% comparable statistiquement à celle des séries marocaines [8] .
Tableau 2. Gestes opératoires et morbidité postopératoire.
Différence significative entre la technique opératoire réalisée et la morbidité postopératoire avec P < 0,05.
Nous avons enregistré une population plus jeune avec un âge moyen de 34 ans par rapport aux séries occidentales [9] [10] [11] [12] (P = 0,05). Cette différence pourrait s’expliquer par la population plus jeune en Afrique par rapport à une population occidentale plus vieillissante.
Les douleurs abdominales et les vomissements sont des symptômes très courants de l’occlusion de l’intestin grêle [13] [14] . Nous avions une proportion allant de 97,1% à 100% de vomissements, d’arrêt de matériel et de gaz et de douleurs abdominales.
La radiographie de l’abdomen sans préparation est l’examen de première intention à faire en cas de suspicion d’occlusion intestinale grêle [13] [15] . Tous nos patients ont atteint l’ASP (100 %) cela ne diffère pas de l’étude Harouna au Niger (91,9 %) [13] P = 0,55. Les avantages de cet examen radiologique sont le moindre coût et la facilité de réalisation dans les hôpitaux régionaux du Mali. Pour les centres qui en sont équipés, la tomodensitométrie (TDM) abdominopelvienne avec ou sans injection de produit de contraste prend de plus en plus d’importance. Elle permet à la fois de poser le diagnostic avec certitude mais surtout le diagnostic de gravité. La technique opératoire pratiquée dépend de l’état de l’anse, de l’état du patient, des facteurs de risque, quelle que soit la cause des brides d’occlusion et/ou des adhérences [16] [17] .
Le tableau 3 résume les différentes techniques opératoires selon les auteurs.
Dans la littérature la mortalité varie selon les auteurs 3,4% et 7,7% [18] .
La mortalité dans notre étude (1,2 %) ne diffère pas de celle de la série norvégienne.
Le délai de consultation, l’âge du patient et son état général pourraient augmenter cette mortalité.
L’infection du site opératoire est la complication postopératoire précoce la plus fréquente en chirurgie digestive [7] [19] . Le même constat a été fait dans notre étude (3,1%).
La fistule digestive est une complication grave de la chirurgie digestive. Selon les auteurs, cette fistule varie de 2,3% à 5,7% [7] [13] [15] [19] [20] .
Toutes les fistules de notre série se sont taries pendant la durée de l’hospitalisation et seul le traitement médical (soins locaux, nutritionnels) a été utilisé.
Tableau 3. Technique selon les auteurs.
5. Conclusions
L’occlusion du grêle par bride et/ou adhérence est une urgence chirurgicale qui touche en Afrique une population souvent très jeune, dont le pronostic dépend de la prise en charge précoce.
Le retard de consultation et certaines comorbidités (diabète, hypertension artérielle) peuvent mettre en jeu le pronostic vital des patients.
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